« Abandonner la nature à elle-même et le sens interne exercera son empire. » Diderot
La forêt de Chaux en Franche Comté, près de 22 000ha dont 10 000 en domaniale, a souffert durant les siècles passés de pratiques qui ont bien failli la voir disparaître.
On aurait pu penser qu’une charte Natura 2000 signée en 2013 entre l’Office National des Forêts(ONF) le Grand Dole et les communes concernées garantirait une gestion durable du massif, or il n’en est rien.
Mais tout d’abord un peu d’histoire…
Les écosystèmes forestiers conservent une certaine empreinte de leurs évolutions passées ; ainsi, à partir du 17ème siècle la forêt de Chaux a servi de réserves de bois pour alimenter les industries locales, (fonderies, salines, charbonniers…). La 2ème moitié du 20ème siècle a vu la création de l’Office National des Forêts et l’utilisation des pesticides à grande échelle ; désherbant, débroussaillant, afin d’éradiquer les « mauvaises herbes » et le recru. Des céréales ont été semées pour nourrir les cervidés introduits depuis peu dans le massif, (le gestionnaire cherche aujourd’hui à les éradiquer). Les ruisseaux ont été rectifiés, des fossés creusés ce qui a fait disparaître l’unique réserve d’eau pour les arbres en l’absence de nappe profonde. L’ONF a privilégié la futaie régulière, ne maîtrisant pas les autres formes de gestion .

« Labour en Ado » Forêt domaniale de Chaux, parcelle 124 Gestionnaire : ONF
Résultat : sur des centaines d’hectares le même type d’arbres de dimension et d’âge proches et inhospitalier pour les espèces liées aux vielles forêts et au vieux bois. Le taillis, le bois mort, les arbres sénescents, tordus, les cépées, tout ce qui participe à l’ambiance forestière a disparu .
Des méthodes des années 80 que l’on croyait révolues reviennent, notamment le « labour en ados »(voir photo).
C’est bien mal connaître les propriétés physico-chimiques des sols. Les chantiers désastreux pour la biodiversité des siècles passés ont laissé place aux engins surdimensionnés qui tassent les sols fragiles (cailloutis de type pseudogley). Résultat : en raison de la compaction et des précipitations, l’eau ruisselle sur les sols forestiers, se charge de particules fines qui apportent aux ruisseaux forestiers cette couleur brune identique à celle des cours d’eau de plaine victimes des travaux agraires (labour ,drainage…).

Coupe rase après intervention des broyeurs forestiers.
Coupe 886, forêt domaniale de Chaux.
Dans un prochain article tout en continuant à dénoncer ces travaux sylvicoles, j’apporterai une autre vision partagée avec de nombreux chercheurs écologues, scientifiques, artistes.
Une phrase de Jean- Christophe Vié directeur de l’UICN :
» La nature est de loin la plus grande entreprise du monde, elle œuvre gratuitement au profit de l’humanité, que deviendraient les pêcheurs sans poissons, les forestiers sans arbres, le tourisme sans nature, l’agriculture sans pollinisateurs ».
Jacques Kryzyk.